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Suicide au travail
Depuis des mois, les cas de suicides ou tentatives se multiplient dans tous les secteurs et types d’entreprises. Sujet de moins en moins tabou, il est le signe de la dégradation des conditions de travail et serait accentué par "l’effet de déshumanisation" de la crise.

Selon les statistiques du ministère de la Santé, le suicide représenterait entre 11 000 et 13 000 décès par an, en tenant compte des "phénomènes de sous-déclaration", en France. La seule étude de référence sur ceux liés au travail date de 2003 et ne portait que sur la Basse-Normandie.

"Par extrapolation", explique Jean-Claude Delgenes, une expert du stress au travail, le nombre de suicides "professionnels" pourrait être estimé au minimum à 500 à 600 par an. Il rappelle que de nombreux suicides sont "maquillés en accidents du travail" par le salarié ou son employeur. Mais difficile de faire la part des facteurs personnels et professionnels dans ces morts.

Xavier Darcos, interrogé sur RTL après le suicide d’un salarié de France Télécom à Marseille le 14 juillet 2009, a, lui, pointé la crise comme facteur d’accentuation de "l’effet de déshumanisation dans le monde du travail" qui règne actuellement.

Cet employé avait nommément mis en cause l’entreprise dans une lettre pour expliquer son geste. Il l’accusait d’être responsable d’une "surcharge de travail" et d’un "management par la terreur" qu’il ne pouvait plus supporter.

Le ministre du Travail a rappelé à cette occasion qu’il préparait, avec les partenaires sociaux, un deuxième plan Santé et sécurité au travail (portant sur la période 2010-2014), qui sera "dès la rentrée mis en application". Les dispositions s’axeront sur les risques musculo-squelettiques, les maladies toxiques ou cancérigènes et les risques psychosociaux (stress, suicide...).

Une prise de conscience qui fait suite à plusieurs cas de suicide dans de grandes entreprises, comme EDF ou Renault, et qui pousse, depuis 2004, la justice à reconnaître comme maladie professionnelle la dépression qui conduit un salarié au suicide. Les sociétés de leur côté commencent à travailler sur la lutte contre le stress au travail, à l’image du technocentre de Guyancourt.

Une préoccupation qui fait écho à un sondage réalisé en juin 2009 par l’institut CSA pour le Réseau ANACT pour l’amélioration des conditions de travail. Dans cette étude, on apprend que le stress au travail touche quatre salariés sur dix et plus de la moitié des cadres. Parmi les sondés, 60 % attribuent ce stress exclusivement à leur vie professionnelle et 54 % déclare que la crise économique y contribue.
                        
 

Source
France 5 : Émission / C dans l'air
Thématique : Suicide au travail
Date : Jeudi 30 Juillet 2009
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